Comment passer un bourbier : étude d’un cas pratique

Le principe de base

Je rappelle aussi qu’ici il ne s’agit pas de passer un bourbier avec une moto d’enduro de 100 kg équipée de pneus ad hoc avec une très faible pression mais de passer avec un trail de plus de 200 kg, qui plus est chargé et avec des pneus mixtes. Croyez moi, cela change tout et ce n’est pas du tout le même exercice!

Pour passer les bourbiers je ne connais pas de solution miracle à part maintenir la traction le plus possible. Ok, c’est quand même toujours plus ou moins le cas en tout terrain, mais ici plus qu’ailleurs.

Le problème est que souvent pour avancer la roue arrière doit patiner suffisamment pour débourrer le pneu, c’est à dire évacuer la boue des crampons. Mais si elle patine trop elle creuse un trou et c’est l’embourbement garanti. Tout est donc dans le dosage de l’accélérateur. J’essaie le plus possible de garder une accélération constante, ce sont les grands coup d’accélérateurs qui ont tendance à creuser les trous qui vont vous embourber. D’ailleurs, quand je sens que la roue patine de plus en plus tout en s’enfonçant je coupe immédiatement les gaz avant de finir embourbé jusqu’au sabot, ce ne sera que plus difficile de sortir la moto.

L’élément essentiel, le pneu!

Si vous lisez des essais de pneus off road, il est souvent mentionné pour les pneus mixtes que le pneu accroche bien sur le sec mais trouve sa limite dans le gras. La preuve par l’image. Deux pneus, le très classique Heidenau K60 scout, pneu mixte très utilisé chez les voyageurs et le Motoz Tractionator adventure, pneu beaucoup plus orienté tout terrain.

A la sortie du même bourbier sur deux motos de poids équivalent. Les crampons du pneu mixte se sont remplis de boue. Il a atteint sa limite, il ne débourre plus et la piste se transforme alors en savonnette. A contrario, le pneu plus cramponné lui est bien propre. Il tractera donc sans problème. Autrement dit, la façon dont vous allez pouvoir passer le bourbier dépend très fortement des pneus que vous avez. Il est toujours possible de dégonfler un peu pour accroitre l’adhérence, mais n’imaginez pas transformer un pneu mixte en cador du bourbier!

Avant de se lancer dans un bourbier, n’oubliez pas un autre paramètre crucial, le poids de votre moto. Une moto de plus de 200 kg se rattrape très difficilement quand elle part d’un coup. Essayez de la récupérer en sortant le pied et c’est plus de 200 kg qui vont d’un coup s’abattre sur votre jambe, et plus vous allez vite et plus le risque de blessure sera grand. Garder de la traction ne signifie pas passer à fond! Alors oui, je sais, si je n’ai pas assez de vitesse je peux finir englué dans la gadoue. Mais personnellement je préfère rester planté que de me blesser. L’objectif premier en voyage est toujours de passer en toute sécurité.

Et maintenant, action!

Quelle trajectoire pour traverser un bourbier?

Une fois encore il n’y a pas de miracle. Bien souvent deux choix s’offrent à vous comme sur la photo ci-dessous. Soit passer sur le bord (option 1) soit carrément au milieu dans une des traces (option 2). Laquelle est la meilleure? Et bien … cela dépend! Je ne le sais qu’une fois être passé. Si je me suis planté, j’en déduis que j’ai fait le mauvais choix!

Premiers cas, l’option 1 : le contournement

Si j’analyse cette séquence, je remarque plusieurs choses. La première c’est qu’au départ les sculptures du pneu (K60) sont toujours visibles.

5 secondes après (timer de la vidéo) les crampons sont remplis de boue. Il n’y a plus d’adhérence.

Sans adhérence la moto va glisser plus facilement sur le devers du bourbier (photo ci-dessous). Là je ne vois pas d’autres solution que de sortir le pieds pour la retenir. Et c’est dans ce cas que si vous allez trop vite le risque de blessure est important vu le poids des motos. Une fois encore, dans ce genre de situation on a tout à perdre et rien à gagner.

Quand la moto glisse, soit elle penche vers l’extérieur comme ici et c’est rattrapable, soit elle penche vers l’intérieur et là c’est plus compliqué. Le dévers du bourbier fait que lorsque je vais sortir le pieds à l’intérieur je risque de ne pas avoir la jambe assez longue pour rattraper la moto avant qu’elle ne s’incline trop et que je ne puisse plus retenir le poids de la bête. Autrement dit, pour moi, cette trajectoire est jouable si l’on est sûr de ses pneus et de leur accroche.

Tant que j’y suis, une petite remarque. Quand on voyage à plusieurs et que l’on arrive devant une difficulté, je trouve plus prudent que le second s’arrête là où il peut facilement béquiller pour aller rapidement aider le premier s’il se trouvait en difficulté comme je l’ai fait ici. Bien sûr, dans certains cas, il vaut mieux descendre de suite pour donner directement un coup de main. Ici la difficulté ne le justifiait pas vraiment, enfin, ça on le sait vraiment après coup!

Dernière chose, à la fin de la vidéo, on voit la KTM louvoyer de l’arrière. Normal, ses pneus sont remplis et n’accrochent plus. Alors oui, je sais, passer plus vite aide à débourrer les pneus. C’est le choix de chacun, passer plus vite en espérant que ses pneus soient suffisamment nettoyés, mais en contrepartie, si ce n’est pas le cas, le risque de se blesser sera plus grand. Mon instinct de survie m’incite toujours à la plus grande prudence. Par contre une fois le bourbier passé et un terrain dur retrouvé, donner des coups de gaz pour nettoyer ses pneus ne fait pas de mal.

Toujours dans le même bourbier, puisque je suis passé à pieds, au retour je vais le reconnaitre comme si c’était un gué (voir l’article comment franchir un gué?) afin de chercher la meilleure trajectoire. L’option 1, dans la trace semble bien, le sol est stable au fond.

Ensuite je me lance. En regardant la vidéo je réalise que je suis vraiment très limite question vitesse, la moto cherche un peu sa trace. Il ne faut pas oublier que l’effet gyroscopique est souvent notre meilleur allié. Il faut donc un minimum de vitesse. ici j’aurais du aller un peu plus vite surtout que j’avais testé le sol avant. C’est mon éternel dilemme, avoir suffisamment de vitesse pour passer l’obstacle mais pas trop non plus car en cas de chute, plus la vitesse est grande et plus le risque de blessure et de casse est grand. Enfin, comme je dis souvent, en voyage, l’essentiel est de passer sans se blesser.

La déviation

Dans certains cas, à l’approche d’un bourbier, vous verrez une déviation qui bien souvent n’est pas sur les cartes et donc ne sera pas sur votre trace GPX si vous en suivez une. D’une façon générale, quand je vois une piste qui part à droite ou à gauche et qui n’est pas sur la carte de mon GPS, j’essaie de savoir pourquoi, surtout si je suis proche de bourbiers. Car bien souvent, quand le bourbier n’est plus vraiment praticable, les locaux ouvrent une déviation avec les moyens du bord. Par conséquent, c’est parfois un peu sportif comme dans la vidéo ci-dessous mais toujours beaucoup moins dangereux que de passer dans un bourbier dont le sol est ravagé par les ornières.

Remarques complémentaires

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