A la découverte du monde

Jour 1 :
Dimanche matin, départ 8h30 sous le soleil et 0°C.
Comme toujours quand je voyage, il me faut du temps pour réaliser que j’ai réellement pris la route. En général, cela correspond au temps qu’il me faut pour sortir des routes que j’emprunte quotidiennement. C’est une fois ce délais passé que le plaisir de conduire devient tout autre.
Et aujourd’hui, je suis heureux, je pars à l’aventure avec mon fils. La route se passe sans soucis jusqu’à Mende où nous arrivons précisément à l’heure du déjeuner sur la place de la cathédrale.

Premier bilan, tout se passe bien. Nous déjeunons dans un petit restaurant. Une fois n’est pas coutume, je ne ferais pas de sieste après le déjeuner, la route nous appelle.

Premiers grand moment de ce voyage, la traversé du plateau au-dessus de Mende.
Je la connais bien pour l’avoir souvent prise. C’est la route naturelle vers l’est, celle que j’ai emprunté maintes fois, il y a quelques années, pour aller au Moyen Orient.

Les souvenirs ressurgissent dans mon esprit … les caravansérails … Petra … le Wadi Rum ...

A chaque fois la magie des hauts plateaux désertiques opère. Cette route me fait toujours le même l’effet, cela ravive des souvenirs de voyages dans d’autres lieux, d’autres pays … à une autre époque.

Les kilomètres défilent et nous arrivons à Die. Nous faisons le point une fois de plus. Je suis très attentif à ce qu’il me dit et ressent. Ce voyage est le sien, et je ne veux aucun cas lui imposer ma façon de voyager. Il n’est pas fatigué et décide de continuer.
Alors en route.

Nous tirons donc jusqu’à Gap. Là c’est moi qui dit stop, la nuit approche et il nous faut trouver un logement pour la nuit.

Raphaël voulait camper, mais nous sommes en hiver, et le seul camping ouvert que j’ai dégoté était encore à 45 minutes de route. Le gérant, contacté au téléphone, a tout fait pour me dissuader de dormir sous la tente vu les températures.

Pour notre première étape, je n’ai pas voulu tenter le diable. J’ai donc préférer assurer un repos bien mérité à l’hôtel.
Nous avons quand même avalé plus de 600 km aujourd’hui. Honnêtement, je ne pensais pas que nous irions si loin. 

Commence alors la traditionnelle recherche d’hébergement

Je trouve que c’est un moment particulier dans un voyage. J’ai mon petit rituel. Je commence à faire un tour en moto en centre-ville pour prendre l’atmosphère du lieu et voir ce dont j’ai envie. Passer une soirée au calme ou profiter de l’ambiance nocturne.
Aujourd’hui, le choix est vite fait. Gap un dimanche soir d’hiver n’offre pas une ambiance délirante.
En général, je n’utilise les applications de réservation en ligne qu’en dernier recours. J’aime bien demander aux passants s’ils connaissent une adresse. Cela m’a déjà permis de faire de belles rencontres, de trouver des endroits insolites et même de me faire inviter. 

Mais je m’égare. 

Après plusieurs tentatives sans résultats, je voyais Raphaël s’impatienter. J’allais me résoudre à sortir mon téléphone quand un passant nous indique un petit hôtel tout près.
Nous y allons.

C’est dans une petite rue, un hôtel hors d’âge. Je descends et vais voir. Il reste une chambre à prix défiant toute concurrence.
J’en discute avec Raphaël.

Je le sens moyennement emballé. Il n’a jamais mis les pieds dans un tel établissement. Mais justement, les voyages sont aussi là pour sortir de notre zone de confort pour vivre des expériences différentes.

J’insiste un peu et il accepte. Le patron veut absolument que je rentre la moto et que je la mette au fond du couloir, près de la sortie de secours.

Je ne sais pas vous, mais souvent, mes hôtes ont insisté pour que la moto ne dorme pas dehors. Cela ne me surprend donc pas et, un couloir d’hôtel sera certainement un des lieux les moins insolites où mes motos auront dormi.

Le patron de l’hôtel prend le téléphone et, deux minutes après, plusieurs personnes arrivent pour donner un coup de main.
Et là, tout d’un coup, je comprends.

Nous sommes dans un hôtel hébergeant des réfugiés

En moins de temps qu’il n’en faut, la moto est rentrée, déchargée, et ils nous aident à monter les bagages dans la chambre.
S’en suit un début de soirée animée dans la salle commune de l’hôtel, à la fois bar, cantine, et salle de vie.

Rapidement, une foule bigarrée envahie le lieu. On nous offre à boire, je rends la pareille. Les femmes descendent avec des gâteaux en tout genre. Tout le monde parle en même temps, un mélange de français et de dialectes inconnus.

La star du soir n’est ni la moto ni moi, mais Raphaël. Ils sont tous impressionné de le voir faire de la moto en plein hiver. Nous serons la curiosité du jour.

Je prends un peu de temps pour observer ce qui se passe.

Raphaël est à l’aise, envolées ses réticences du début. Je suis content qu’il puisse vivre cela.

Trop souvent, nos vies d’occidentaux ultra privilégiés nous isolent de la réalité du monde et l’autre, l’étranger, le réfugier, ou peu importe le nom qu’on lui donne, est vu de façon négative, comme un danger.

D’habitude il faut voyager assez loin pour prendre la mesure du monde.

Ce soir le monde est venu à nous

Et pour son premier jour de voyage, il ne pouvait pas tomber mieux. Malgré l’intensité et la chaleur du moment, l’heure tourne. Je vois Raphaël bailler. Il nous faut préparer la route pour demain.
J’ai tout le mal du monde à nous extraire sans froisser personne. Je crois que nous aurions pu y rester une bonne partie de la nuit.

Enfin seul.

Le reste de la soirée fut beaucoup plus calme, débriefing et planification de l’étape du lendemain, Trente en Italie.

Ce soir nous dormirons dans un lit dont le sommier et le matelas me font penser à une route roumaine, ou à une piste défoncée après la saison des pluies … ambiance.
Notez que cela ne me gêne point, je peux dormir n’importe ou même par terre au pied de ma moto.
Pour Raphaël, c’est différent. Peut-être la fatigue du voyage et l’effervescence de la soirée, mais il a néanmoins très bien dormi et ne m’a même pas entendu ronfler.

En route pour le Tyrol

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